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La dépigmentation, source d’infertilité ?

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Au Bénin, on parle de ‘’bodjou’’ pour désigner le phénomène de dépigmentation ou de blanchiment de la peau. Pas de chiffres au plan national pour apprécier l’ampleur du phénomène. Mais c’est une pratique qui n’est pas rare dans les milieux de l’audiovisuel, du show biz et dans bien d’autres domaines où l’image est importante. Les femmes qui s’y adonnent, ne l’avouent presque jamais mais elles le font généralement pour paraître plus belles au mépris des conséquences sur la peau mais également sur la fertilité.

Les suites fâcheuses sur la peau

Les dermatologues et autres spécialistes l’ont souvent martelé. Les méfaits sur la peau, du ‘’bodjou’’ sont nombreux. Ils vont des acnés aux mycoses en passant par les vergetures et les taches foncées disgracieuses irréversibles. Et pourtant la peau est un des organes les plus importants de notre corps. Non seulement elle est une barrière de protection mais elle constitue aussi environ un quart du poids de l’Homme. Au-delà de des conséquences cutanées bien renseignées par la science, aujourd’hui plusieurs études semblent mettre la dépigmentation à l’index dans l’infertilité, les malformations du fœtus, les avortements spontanés. La mauvaise santé de la reproduction chez les femmes et les hommes qui se sont blanchis la peau est de plus en plus avérée.

Ces composés qui perturbent le fonctionnement des glandes

La plupart des produits utilisés pour la dépigmentation contiennent soit de l’hydroquinone, des corticoïdes ou des dérivés du mercure et d’autres composés mal identifiés à ce jour par les scientifiques. Des procédés utilisant des tessons de bouteille, des détergents et autres produits toxiques ont été aussi constatés. Mais certains de ces produits bien connus et classifiés ont sans nul doute des impacts négatifs sur la santé de la reproduction. Ce sont pour la plupart des perturbateurs endocriniens (substances ou mélanges qui altèrent le fonctionnement glandes qui assurent la production des hormones dans le corps).

Les conséquences sur la fertilité

On connait spécifiquement le mode d’emploi des corticoïdes. En sachant que ces substances sont très puissantes et passent directement dans le sang même s’ils sont appliqués sur la peau, on peut imaginer les risques d’hypertension artérielle et de diabète au bout de l’utilisation de ces laits, crèmes, gels, savons, injections et autres. L’hypertension artérielle et le diabète ne sont pas des freins à la conception (grossesse) mais peuvent la rendre difficile, entrainer des accouchements prématurés et des fausses couches. Au-delà, les corticoïdes et les autres produits dépigmentant sont connus pour bouleverser le processus de production des hormones nécessaires pour le bon fonctionnement de l’organisme.

Les femmes ne sont cependant pas les seules concernées par ces complications de la dépigmentation. Les hommes qui s’y adonnent aussi souffrent des conséquences des corticoïdes contenus dans les produits utilisés.

Le déséquilibre hormonal dont sont responsables ces perturbateurs endocriniens, va rendre difficile et parfois impossible l’ovulation en interférant avec le pic du LH (Hormone lutéinisante dont le pic permet la libération de l’ovule). Le Dr Ferdinand SIGUE DAOUDA, gynécologue spécialisé dans l’exploration diagnostic de l’infertilité rapporte aussi les troubles du cycle menstruel, les dystrophies ovariennes (maladies caractérisée par la présence dans l’ovaire de multiples kystes), les troubles du cycle menstruel , les avortements à répétition fréquemment enregistrés dans l’exercice de sa profession, chez les femmes dépigmentées. Toutes choses reconnues par l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé pour être des causes de l’infertilité chez la femme.

Les femmes ne sont cependant pas les seules concernées par ces complications de la dépigmentation. Les hommes qui s’y adonnent aussi souffrent des conséquences des corticoïdes contenus dans les produits utilisés. La perturbation de la production de l’hormone lutéinisante (LH) va dans ce cas déséquilibrer la sécrétion de la testostérone et mettre en panne la spermatogenèse (fabrication des spermatozoïdes, des gamètes males) par les testicules.  Il s’agira parfois de la mort sans cause apparente ou de malformation des spermatozoïdes.